Après un coup dur, l’idée de tourner la page peut sembler inatteignable. Pourtant, c’est souvent la seule voie pour aller mieux, mentalement comme physiquement.
Quand le passé nous enferme
T’est-il déjà arrivé de ne pas réussir à accepter une situation ? Si oui, sache que ce n’est pas de ta faute. Selon la psychothérapeute Jessica Eve, notre difficulté à lâcher prise est profondément liée à notre biologie : « Notre corps a appris qu’il fallait se battre pour survivre. Alors, ne pas accepter une situation crée un blocage, la sensation d’être piégé. »
Ce mécanisme de résistance est naturel. Il peut s’installer après un événement douloureux comme une rupture, la perte d’un proche ou l’abandon d’un objectif. Mais si rien n’est entrepris pour apaiser consciemment ce vécu, le corps conserve la mémoire du traumatisme, ce qui nuit à notre bien-être global.
Comprendre pour mieux contrôler ?
Après une rupture ou un choc émotionnel, il est courant de ruminer. Le cerveau cherche à revivre la scène, à décortiquer les moindres détails dans l’espoir de ne pas revivre cette douleur. Mais ce réflexe peut rapidement devenir toxique.
La psychothérapeute Hannah Bailey, spécialiste de la thérapie BWRT (BrainWorking Recursive Therapy), explique : « Si le système nerveux n’est pas régulé après un traumatisme, le corps reste bloqué. Il refuse de croire que la leçon a été apprise, et empêche l’oubli. » Ce cercle vicieux pompe énormément d’énergie et peut entraîner maux de tête, douleurs articulaires, insomnies, voire des troubles digestifs.
Revenir au présent, petit à petit
Accepter ne veut pas dire approuver. C’est plutôt une façon de se libérer du poids du passé pour mieux se reconnecter au présent. « L’acceptation est un état profondément libérateur », souligne Jessica Eve. Elle diminue le stress, améliore la qualité de nos relations et rend le corps plus réactif dans le bon sens du terme.
Sur le plan physiologique, elle aide à faire baisser les hormones du stress comme l’histamine et le cortisol, souvent liées à l’inflammation et aux maladies chroniques. Elle améliore aussi notre capacité à nous ouvrir aux autres, à notre environnement, et à agir de manière plus juste et plus alignée.
Accepter ne veut pas dire pardonner
Beaucoup pensent qu’il faut pardonner pour avancer. Ce n’est pas toujours le cas. « Pour certains, l’idée de pardon est tout simplement impossible », précise Hannah Bailey. Elle invite ses patients à remplacer ce mot par d’autres plus accessibles, comme apaisement, libération, ou même indifférence. Le but ? Se détacher de la douleur, sans nier ce qui s’est passé.
Pas de faux-semblants
Attention toutefois à ne pas confondre acceptation avec déni ou refoulement. « On peut vouloir aller tellement vite vers l’acceptation qu’on finit par nier ses propres émotions », met en garde Jessica Eve. Or, l’acceptation authentique prend du temps. Elle demande de l’honnêteté envers soi-même, et parfois un accompagnement thérapeutique.
C’est un chemin qui permet de ressentir à la fois de la tristesse et de la joie. Car accepter, c’est faire de la place à toutes nos émotions, sans les juger.
Un système nerveux à apaiser en douceur
Le premier pas vers le lâcher-prise peut être très concret : s’offrir un moment quotidien pour apaiser le système nerveux. Chanter, respirer profondément, méditer, pratiquer des techniques douces comme le havening… Chacun peut trouver sa porte d’entrée vers plus de calme et de paix intérieure.
« Je vais mieux, mode d’emploi » Mars-Avril-Mai 2025